Une fatrasie est une composition poétique médiévale formée de pièces hétéroclites satiriques. Il s’agit d’une pièce d'un genre mineur, écrite dans un style incompréhensible, présentant un caractère incohérent et absurde dans la composition et les idées développées. Cette forme de divertissement littéraire fut très prisée dans certains cercles pratiquant l’expérimentation joyeuse sur le langage, et ressentant celui-ci comme contraignant. La fatrasie comporte normalement onze vers dont les six premiers sont de cinq pieds et les cinq derniers de sept pieds ; par ailleurs, elle est entièrement construite sur deux rimes.

« L'audience des fatrasies du Moyen Âge ne fut pas moindre que celle de Jérôme Bosch » (Malraux, Les voix du silence,1951, p. 530).

Ce mot est souvent considéré comme un dérivé de fatras (ensemble confus d’idées, de paroles). Pourtant il est attesté dans l’usage vers 1250, donc avant fatras qui n’est apparu qu’au XIVe siècle. D’origine incertaine, il est peut-être dérivé du bas latin farsura, variante de fartura (action de bourrer, de farcir). Mais il pourrait aussi venir de l’ancien français fantasie (fantaisie).

Le texte ci-dessus est un exemple de fatrasie, écrite par Philippe de Beaumanoir, dans sa version d’origine en ancien français (comprenne qui pourra !).

Pour le scrabbleur : le mot FATRASIE n’a pas d’anagramme lorsqu’il est au singulier, mais en possède trois quand il est au pluriel : FRAISÂTES, SATISFERA et TARIFASSE.